Lettre à l'être
Ma maison en carton est plus dure que le bout d'ton nez
J'ai mis d'la moquette marron, t'aimes pas les murs déparaillés
Dans ma cave en papier, y'a mille et une boîtes à trésor
Dans chacune d'elles y'a un secret d'ceux qu'on libère avant sa mort
Si sur ta peau de parchemin reste un poème qui m'aime un peu
je le lirai avec les mains pour que mes yeux pleurent tous les deux
Mon igloo en glaçons est plus chaud que le bout d'tes pieds
Tes pieds me caressent le menton, le pôle me pend au bout du nez
J'ai sorti l'âtre sur le balcon, prends ma flamme pour te réchauffer
Trop près de toi des larmes de cire, trop loin de moi des larmes de gel
Silhouette, si loin, silence, il neigera au soleil
Je garde mes sens en sommeil, à t'attendre saison belle
Ma cabane au Canada est plus loin que le bout d'tes ch'veux
Caché dans ma forêt de bois, je dors un peu je rêve c'est mieux
J'ai planté quelques petits mots au pieds des séquoias géants
Ils ne peuvent les lire de si haut même s'ils se penchent de temps en temps
A l'heure où s'aimeront les fleurs, le vent emport'ra des fragments
Pourvu qu'en route aucun ne meurt ou le coeur perdra de son sens
En espagne mon château est plus sûr que le son d'ta voix
A faire mentir les mots, ils deviennent méchants comme des rats
A l'abri des murailles de pierres, on respire par les meurtrières
mais moi ma cage est sans barreau, j'ai passé l'âge d'être bourreau
Si tu abandonnais les lieux, l'enceinte s'envahirait des doutes
Pour chacun d'eux saignent mes yeux, les douves s'empliront de leurs gouttes (bis)
SilvR – 2004
Tous droits réservés à Silvère CHERET, auteur et compositeur, le 25 juin 2004